Country Melomania

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Kris Kristofferson, un Outlaw à Paris !

27/06/2017 27 Juin

Kris Kristofferson a livré dimanche soir à la Cigale à Paris une prestation d’une grande authenticité. Avec pour tous instruments sa voix, sa guitare et un harmonica. Suffisamment pour conquérir un public sans limite d’âge.

Trois heures avant le concert, on s’étaient déjà réunis autour d’un verre à la Cantine de la Cigale pour partager une passion commune : la musique Country !
 

 
Vint la grand-messe. En première partie de concert, nous eûmes droit aux French Tobbacco, un groupe français mêlant folk, rock et blues. Accueillant, sympa, visiblement honoré de jouer dans cette salle emblématique qu’est la Cigale, ainsi qu’en prélude à Kris Kristofferson. Le public les a applaudis avec un enthousiasme non feint.
 

Le concert

C’est tout de noir vêtu qu’apparaît sur scène Kris Kristofferson, tel son ancien camarade Johnny Cash, celui qu’on surnommait « L’homme en noir » (« The Man In Black »). Pas d’orchestre. Sa voix, sa guitare, son harmonica, c’est tout. Et c’est assez pour recréer toute la magie de la musique Country. Trois accords, voilà la vérité ! Comme on dit (Three Chords and The Truth !).

Cette simplicité noue une réelle proximité avec le public. D’où cette impression d’être dans un bar en train d’écouter une session live acoustic.

Kris Kristofferson nous entraîne donc dans son « Shipwrecked in the Eighties ».
 

 
Et enchaîne avec un de ses plus grands classiques « Me and Bobby McGee », que j’avais découvert, chanté par Janis Joplin.
 

 
Suit l’indémodable et inter-générationnel « Help Me Make It Through The Night », morceau écrit par ses soins au même titre que « Me and Bobby McGee », dont il est le co-auteur. Kris Kristofferson est en effet reconnu comme un grand auteur-compositeur, faisant même partie du « Songwriter Hall Of Fame ».
Je me permets de vous faire un court topo sur la Outlaw Country pour mieux pénétrer l’univers de Kris Kristofferson.
 

La « Outlaw Country »

Kris Kristofferson est l’un des pionniers de l’Outlaw Country, comme en témoigne son premier disque, « Kristofferson », en 1970.

Nouvelle au début des années 70, cette musique va à l’encontre de la Country de Nashville de l’époque, très « crooner pop » et trop lisse. Complètement anti-système et « Un-Nashville », elle apparaît même dans des villes comme Austin au Texas avec Willie Nelson. Ses textes sont souvent plus crus, évoquent les problèmes liés à des vies de déchéance, liés à l’alcool, la drogue, la prison…

Au total, un message nettement plus rock et une musique qui se rapproche de la folk, du rock et du blues, avec une présence de l’harmonica, notamment sur les disques de Waylon Jennings et de Willie Nelson.

Le look change également : fini le temps des crooners de Nashville bien habillés et bien gominés, voici celui des gaillards en jeans, barbe et cheveux longs.

Le terme Country Outlaw (Country « hors-la-loi ») apparaît en 1976 avec la compilation « Wanted ! The Outlaws » où figure des légendes telles que Waylon Jennings, Willie Nelson, Jessi Colter et Tompall Glaser.

Artistes que je vous recommande : Jessi Colter, Hank Williams Jr. (Un peu rock du sud également), Willie Nelson et Waylon Jennings.
 

Revenons au concert

Cette attitude de hors-la-loi, Kris Kristofferson la défend tout au long du concert. Il agrémente parfois ses morceaux de blagues ou réflexions. Lorsqu’il dit « I don’t care what’s right or wrong » (« Je me fous de ce qui est vrai ou pas »), il en rajoute : « That’s true » (« C’est vrai »).

Même chose lorsqu’il chante “Best Of Possible Words” :

That policeman said Mr Cool if you’re ain’t drunk then you’re a fool  (Ce policier dit Monsieur Cool si vous êtes pas ivre vous êtes fou)

….

And I wound up in jail to spend the night (j’ai terminé en prison pour passer la nuit)

Il rajoute : “TRUE STORY” (histoire vraie)
 

 

ll interprète également un morceau sur lequel il parle sur la majeure partie « To Beat The Devil ».
 

 

I saw that there was just one old man sitting at the bar (je vis un vieil homme assis au bar)

And in the mirror I could see him checking me and my guitar (Et dans le miroir, je pouvais voir qu’il me regardait moi et ma guitare)

And he turned and said, (Il se retourna et dit)

Come up here, boy, and show us what you are (Viens ici, garçon et montre-moi qui tu es)

I said I’m dry, and he bought me a beer (Je suis assoiffé, et il m’offrit une bière)

He nodded at my guitar and said, (Il regarda ma guitare et dit)

It’s a tough life, ain’t it? (C’est une vie dure, n’est-ce pas ?)

I just looked at him (Je le regardai)

He said, you ain’t making any money, are you? (Il me dit, tu n’as pas d’argent, c’est ça ?)

I said, you been reading my mail (Je dis, tu viens de lire mon courrier !)

Kris Kristofferson nous réserva aussi quelques belles surprises telles qu’une reprise de Bob Dylan, qu’il clame haut et fort être son idole. Le morceau s’intitule : They Killed Him.  Une sorte d’hymne à la liberté invoquant Gandi, Jésus- Christ et Martin Luther King.
 
 

Sources :

Que sais-je ? La Country-Music ; Gérard Herzhaft, Presse Universitaire de France, 1995
Guide de la Country Music et du Folk ; Gérard Herzhaft et Jacques Bremond, Fayard, 1991
Lost Highway, sur les routes du Rockabilly du Blues et de la Country Music ; Peter Guralnick, Rivage & Rouge, 2010  
Country music The Complete Visual History by Paul Kingsbury & Alanna Nash

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2 Commentaires
  • PASCALE PIGNON

    28 juin 2017 à 22 h 26 min
    Reponse

    Oh que oui, je vais laisser un commentaire…………. SUPERBE ARTICLE sur le concert de cette légende qu’est Mr KRIS KRISTOFFERSON et en même temps , un ptit cours sur la COUNTRY OUTLAW ! Des extraits vidéos du concert, des anecdotes …. Enfin, tout est dit, un très beau résumé clair, net et précis !
    Bravo GABRIEL ! LONGUE VIE A COUNTRY-MELOMANIA ….
    Moi, je verrai bien également une version de ton site en anglais pour qu’il soit diffusé dans le monde entier et surtout à Nashville 😉
    A bientôt …

    Pascale
    Passionnée de musique COUNTRY – Chanteuse / Guitariste FOLK/COUNTRY

    • Gabriel Giannesini

      Gabriel Giannesini

      29 juin 2017 à 20 h 04 min
      Reponse

      Merci beaucoup Pascale pour ton message. Ça me fait très plaisir ! Très bonne idée de le faire en anglais :). A très bientôt, Gabriel.

    Répondre à Gabriel Giannesini Annuler le commentaire